La Bolivia

Publié le par Emilie et Raphael

Bonjour tout le monde!!
Nous voici donc sur les bords du lac Titicaca, le plus grand lac d´Amérique du sud (204km de long), et le plus haut lac navigable du monde. Bien que nous soyons à 4000m d´altitude, le soleil tape fort, et on se croirait presque sur les bords de la méditerrannée. Le lac est tellement grand qu´on ne voit pas l´autre rive...
 
Nous partons de Copacabana - ne pas confondre avec la version playa bresilienne, ici c´est un bled - en bateau visiter l´isla del sol, qui est la plus grande ile du lac. A l´époque des incas, l´île était un sanctuaire. Aujourd´hui, il ne reste pas grand chose de cette période sur l´ile, mais les paysages restent magnifiques.
On profite du lieu pour goûter une des énormes truites qui peuplent le lac avant de partir pour La Paz à quelques heures de là.

Sur la route, on croise une centaine de paysans de l´Altiplano qui marchent sur la capitale en vue d´une grande manifestation qui doit avoir lieu dans quelques jours. On y reviendra, nous y étions...

La Paz est la plus haute capitale du monde. Construite au milieu des montagnes elle s´étend sur un dénivelé de 1000m avec un centre ville à 3600m d´altitude. Nous sommes un peu déroutés en arrivant tellement la ville est dense, et puis ça grouille de tous les côtés.


Le mont Illimani, 6439m, vu de La Paz!

Ce dimanche, c´est le grand défilé d´anniversaire de la fondation de la ville en 1548. Pendant presque toute la journée, on a l´impression que toute la ville défile avec des dizaines de fanfares, de costumes, de chars, de voitures...Tous le monde est représenté sous forme de fresque historique au début, puis sous forme de "tout mélangé" ensuite. On rigole bien sur certains déguisements et certaines danses.





 Le soir commencent à arriver des milliers d´indigènes (ne surtout pas dire "indiens" ou "indios", c´est péjoratif ici) pour la grande manif de soutien au président Morales du lendemain.

Petit point sur la situation politique de la Bolivie pour un peu mieux comprendre :
La Bolivie est le pays le plus pauvre du continent américain, bien qu´on y trouve du gaz, du pétrole et de l´argent depuis de nombreuse années. Après que l´Espagne ait allègrement pillé les ressources naturelles, le pays s´est fait prendre une partie de son territoire par le Brésil, le Paraguay, le Pérou et le Chili qui lui ont bloqué son accès à la mer.
 
La situation politique n´a jamais été très stable. Au fils de ces 60 dernières années se sont suivis des militaires, aidés par le tristement célèbre Klaus Barbie à la tête des services secrets boliviens, un traficant de drogue, un ancien dictateur, et d´autres soumis aux institutions financières internationales... Le dernier président démissionne en 2005 face aux nombreuses manifestations indigénes qui réclament le renationalisation des ressources naturelles du pays.
 
Aux élections suivantes, c´est l´ancien cultivateur de coca et syndicaliste Evo Morales qui remporte les élections. Toute la communauté internationale s´est félicitée qu´enfin un indigène puisse accéder à la fronction suprême. Et puis Morales a commencé à venir en aide aux plus démunis (les indigènes), et comme il avait besoin de moyens pour cela, il a décidé la nationalisation des ressources de pétrole et de gaz, que les multinationales étrangères exploitaient depuis de nombreuses années sans reverser grand chose. Et comme il s´est senti proche de Chavez qui avait fait de même dans son pays, la communauté internationale a commencé à le trouver beaucoup moins sympatique. Tiens, tiens...Les boliviens qui s´en mettaient plein les fouilles aussi.

Les préfets des régions les plus riches organisent en mai dernier un référendum illégal (parce qu´inconstitutionnel) pour que les régions deviennent autonomes et gérent elles mêmes leurs ressources naturelles. En bref, ils veulent rien lâcher. Evidemment, ils votent pour et c´est la fête à Santa Cruz, puis en juin à Tarija, les régions phares autonomistes.
 
En juillet, la décision d´affecter une partie des revenus du pétrole - allant habituellement au fonctionnement des régions - aux retraités les moins riches (décision de leur donner environ 20 euros par mois) a failli déclencher une révolution. Des menaces cessesionistes sont venues des régions les plus riches, et le pays s´est coupé en 2. En aout, face à la grogne, Morales organise un référendum et s´engage à quitter la présidence s´il perd. Or il gagne avec 68% des suffrages. Dans le même temps les régions votent aussi pour le maintien en place des préfets, et ceux des régions autonomistes gagnent également... Ceci ne simplifie pas la situation déjà tendue...
 
En septembre dernier, de violents affrontements ont lieu à Santa Cruz, où les habitants prennent d´assaut des batiments publics, font des barricades un peu partout dans la ville. Dans le Nord du pays, 18 sympathisants du parti du président sont purement et simplement lynchés... L´état d´urgence est déclaré dans cette région.
 
L´appel au calme et le soutien des pays voisins à Evo Morales obligent l´opposition a reprendre le dialogue. La situation se calme enfin...  

Dans le même temps, et ce depuis plusieurs mois, un projet de nouvelle constitution, donnant un peu plus de droits aux indigènes, a été rédigé. L´opposition y est bien sur opposée... Pour qu´elle soit adoptée il faut qu´elle soit soumise à un référendum et au congrés Morales ne dispose pas de la majorité (3/5) pour pouvoir voter l´oragnisation du référendum.
Donc les indigènes de tout le pays sont venus à pied à La Paz, soutenus par des étudiants, syndicalistes, ..., et ont décidé de ne pas en bouger tant que le référendum ne sera pas décidé. Certain ont marché près de 200km, et ils sont près de 150 000, autant dire qu´ils sont déterminés !! En même temps c´est bizarre de voir une manif pro-gouvernementale. Morales rejoint même les manifestants. Imaginez en France, une manif pro-gouvernementale, avec Sarko dans le cortège !?!
Face à la détermination des manifestants, l´opposition vote la tenue d´un référendum en janvier à la condition que Morales ne se représente pas aux prochaines presidentielles.
 
Après La Paz, nous prenons plein sud (sans perdre d´altitude) en bus et en... train. Le TER nous manquait trop, et comme il n´y a que deux lignes en Bolivie, et très peu dans toute l´Amérique du sud, on n´allait pas rater l´occasion. Nous traversons une lagune remplie de flaments roses, c´est magnifique et rappelle un peu la camargue.
 A notre arrivée à Uyuni, nous partons avec un tour "organisé" dans un 4X4 pendant 3 jours pour visiter le Salar d´Uyuni, le plus grand désert de sel du monde et aussi la plus grande étendue plate du monde, ainsi que des lagunes multicolores jusqu´à la frontière chilienne. C´etait sans doute les paysages les plus incroyables que nous ayons vu de tout le voyage, on se serait cru sur Mars parfois dans ces paysages volcaniques avec des arbres de pierres, des mousses vert fluo et des dégradés de couleurs à la Dali, montée jusqu´à 4800m d´altitude avec de la fumée de souffre partout, et une baignade dans des sources d´eau chaude...
Dommage pour les photos par contre, on en avait plein mais la carte de l´appareil photo ne veut plus marcher. Vous êtes déçu-e-s... nous aussi !!




 Le cimetière de trains à Uyuni



 D´Uyuni nous reprenons le train jusqu´à Villazon à la frontière argentine et de là, prenons un bus à travers une route magnifique pour arriver à Tarija, la ville "la plus andalouse de Bolivie", qui est aussi très fière de son vin.

Après l´Altiplano, nous sentons tout de suite un changement d´ambiance, de cadre, voire presque de pays:
Il y a ici de nombreuses voitures très chics et pleins de gros 4x4. De très belles et grandes maisons jalonnent les grandes avenues verdoyantes.
Le taximan qui nous mène à notre hôtel nous rassure: "ici les gens parlent tous très bien castellano, il n´y a pas de dialectes quechua, aymara ou je ne sais quoi encore comme dans le nord, et les gens sont plus blancs"... Ha, on est vraiment rassurés alors...
Sur les murs de la ville, il n´y a plus de "Evo Pueblo", "Evo, Si", Evo, Mas", mais plutôt "Evo, Puto", "Evo, asesino", "Si a la autonomia", d´autres slogans du même type et aussi quelques croix gammées...

On ne se croit plus trop dans le pays le plus pauvre d´Amérique latine, comme si il y avait erreur de casting. Une heure passée à la terrasse d´un bar de la place principale nous permet de voir le défilé des 4x4, tous plus beaux et neufs les uns que les autres.
Pas de doutes, Tarija est riche... Enfin, bien sûr, si on sort un peu du centre ville, on trouve toujours des quartiers et marchés beaucoup plus populaires.

Nous nous laissons tout de même séduire par la ville, nous apprécions son marché bien animé, son doux climat, sa verdure (ça fait du bien de voir des arbres!), sa campagne aussi où nous avons la chance de voir un Condor qui tournoie dans le ciel bleu...

Hervé, l´oncle de Raphaël, connait ici un professeur d´université, Hugo. Nous l´appelons et le retrouvons le soir de Todos Santos (Toussaints). Nous mangeons ensemble et discutons de tout en buvant un vin d´ici, le Kohlberg, qui se défend bien!

Après le repas, il nous dépose au cimetière de la ville. Drôle de ballade nocturne devez-vous penser, mais à Tarija pour Todos Santos, toute la ville se retrouve au cimetière illuminé de milles feux! Les tombes sont décorées, les famille se retrouvent devant les dernières demeures des défunts. Sauf pour ceux qui ont disparus il y a peu, l´ambiance est assez décontractée, on mange et plaisante devant les tombes ou pendant une petite ballade dans le cimetière
Avant, l´alcool coulait à flots lors de cette fête, mais à cause de trop nombreuses bagarres, c´est désormais interdit!!


Au bout de 4 jours paisibles, nous nous décidons à continuer la route et partons pour Sucre, la capitale de la Bolivie... En fait, la Bolivie a comme qui dirait deux capitales, l´une administrative La Paz, et l´autre constitutionnelle, Sucre.
Une ballade ici nous fait nous replonger à l´époque coloniale, on s´attend à voir surgir Zorro à tout moment (même si cette histoire ne se passe pas en Bolivie)!

Nous étions descendus en altitude, nous remontons encore pour à priori une dernière fois et nous rendons à Potosi, à 4070m d´altitude! C´est la ville la plus haute du monde (140 000 habitants). Elle est bien connue pour son "Cerro Rico", la montagne magique pleine à craquer d´argent, de cuivre, de plomb, d´or aussi un peu. La mine est exploitée depuis ... 1545 !!! Une grande majorité de la richesse de l´Europe vient en partie des fabuleuses ressources extraites du Cerro Rico et de la sueur et de la mort de millions d´Indigènes qui ont travaillé dans les mines.
Bizarement, dans Potosi, il y a un nombre impressionant d´Eglises (environ 80), mais pas de trace de monument en hommage à ces Indigènes ...

Le premier soir, nous marchons en ville, à la recherche d´un endroit où manger, et nous tombons nez à nez avec Olivia et Thomas, que nous avions rencontrés en Ecuador à la communauté. Que le monde est petit! Ils sont dans un autre hôtel, avec deux autres couples de français. Alors s´ensuivent apéros, restos, chants de Renaud et cie accompagnés à la guitarre par Thomas jusqu´à des heures pas possibles... On s´est bien marré en tout cas!! Dans les liens, il y a le blog de Christine et Patrick qui voyagent en bateau depuis plus de 3 ans, et celui de Marie et Florent, vous verrez, ca fait rêver!

Pour finir sur Potosi, le 10 novembre, c´est la fête de commémoration du 1er jour de révolution pour l´indépendance (1810). Les jours qui précèdent, il y a moult défilés en ville toute la journée. Tout le monde y passe, les écoliers, les étudiants, les notables, les mineurs, les taxis, les camioneurs, les commerçants, ... L´ambiance est très sympa dans les rues et nous goûtons la boisson locale, à savoir
de l´alcool à 96º avec de l´eau chaude à la cannelle !! Les mineurs boivent cet alcool pur les vendredi lorsqu´ils font des offrandes au Tio, le diable de la mine! On l´achète dans les tiendas de mineurs, au milieu des pelles, des barres à mine, des feuilles de coca, et des...bâtons de dynamite !! On en ramènerait bien pour le meilleur groupe de anarcho-punk grenoblois, Damn' Dynamite, mais on risque de se faire coincer à la douane !

Après toutes ces émotions, nous avons bien envie de nous poser un peu, et nous trouvons l´endroit rêvé, à Samaipata, aux portes du parc Amboro. Ici nous campons pendant une semaine, faisons des ballades dans le coin et notamment aux abords du parc, où nous pouvons admirer des fougères millénaires, de belles orchidées et des traces toutes fraiches de puma...
Typique Bolivie: le chapeau, la glace, et les gros sacs remplis de feuilles de coca qu´on peut boire en infusion mais qui sont surtout mâchées
Ces fougères poussent de 1cm par an. Devinez l´âge!
On continue dans la nature an allant un peu plus loin, à Bermejo. Che Guevara est passé par là en 1967 lorsqu´avec quelques hommes il essayait de faire partir une guerilla en Bolivie. Il sera arrêté un peu plus à l´ouest par l´armée bolivienne, bien aidée par l´armée américaine, dans le village de la Higuera puis assassiné...On trouve ici des agences qui proposent un "Che Tour" et tout le monde est très fier d´avoir eu le célèbre guerillero dans la région. Il y a même le culte de San Ernesto de la Higuera.  Amusant quand on sait que c´est les villageois du coin qui l´ont dénoncé...
Nous descendons toujours un peu plus. La chaleur commence à se faire sentir. Nous dormons dans une ferme/hôtel. Au début, nous devions faire du WWOOF ici, mais comme il faut faire une "semaine d´essai" en payant la meme chose que les autres... et ça ne nous parait pas trop normal. Alors nous profitons de la beauté des environs. On se ballade dans la fôret profonde, nous nous baignons dans une cascade, observons des oiseaux superbes, notamment des perroquets, des chenilles et toutes sortes d´insectes bizarres, des papillons très grands et très bleus... On a l´impression de pénétrer au coeur d´une nature vierge de toute visite humaine tellement c´est beau.





 

Et voila, il y aurait encore plein de choses à raconter, mais ça ferait un peu trop long non? et puis on en garde pour notre retour!!

Nous sommes actuellement à Santa Cruz et nous nous apprêtons à quitter la Bolivie. Et oui, le 9 décembre prochain nous avons rendez-vous avec les parents d´Emilie en Argentine alors nous descendons doucement...


Bises à toutes et tous et à bientot!

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S
Petit mot et grande pensée à vous deux à l'occasion de cette nouvelle année.<br /> Merci encore de nous faire partager votre incroyable voyage. Big Besos, feliz año & take care
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L
Nous espérons que votre périple sud américain se poursuivra dans les meilleurs conditions.<br /> Nous vous souhaitons nos meilleurs voeux pour l'année 2009 et surtout une excellente santé à tous les deux. <br /> A très bientôt. GROS BISOUS<br /> Mamie, papi, Lisa, Bernadette et Georges.
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M
salut et bon noel à tous les deux!<br /> l'autre jour à 1000 mètres il a neigé 80cm en une nuit, il y en a qui se plaignent, moi j'étais comme une gamine à me rouler dedans!<br /> Pour vous ça doit être une autre ambiance...profitez bien de votre noel printennier et familial, bien des bises, et à la votre!<br /> mako
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F
Sous le froid et la neige, nous pensons beaucoup à vous. Nous imaginons le bonheur de vos retrouvailles !!! Nous espérons que le voyage en avion n'a pas été trop long et que maintenant vous vous régalez !!! Nous sommes heureux de savoir que vous allez passer un NOEL exceptionnel.<br /> Bises : Olga, Luck, Cloé et Aubry
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O
Quand Emilie aura atteint l'âge des fougères, elle verra enfin le Machu Pichu hors des nuages à toute heure ! (Le rêve d'enfant est la tragédie de l'adulte.)<br /> Raphaël, merci beaucoup pour ta carte postale.
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