La Bolivia
Sur la route, on croise une centaine de paysans de l´Altiplano qui marchent sur la capitale en vue d´une grande manifestation qui doit avoir lieu dans quelques jours. On y reviendra, nous y étions...
La Paz est la plus haute capitale du monde. Construite au milieu des montagnes elle s´étend sur un dénivelé de 1000m avec un centre ville à 3600m d´altitude. Nous sommes un peu déroutés en arrivant tellement la ville est dense, et puis ça grouille de tous les côtés.
Ce dimanche, c´est le grand défilé d´anniversaire de la fondation de la ville en 1548. Pendant presque toute la journée, on a l´impression que toute la ville défile avec des dizaines de fanfares, de costumes, de chars, de voitures...Tous le monde est représenté sous forme de fresque historique au début, puis sous forme de "tout mélangé" ensuite. On rigole bien sur certains déguisements et certaines danses.
Le soir commencent à arriver des milliers d´indigènes (ne surtout pas dire "indiens" ou "indios", c´est péjoratif ici) pour la grande manif de soutien au président Morales du lendemain.
La Bolivie est le pays le plus pauvre du continent américain, bien qu´on y trouve du gaz, du pétrole et de l´argent depuis de nombreuse années. Après que l´Espagne ait allègrement pillé les ressources naturelles, le pays s´est fait prendre une partie de son territoire par le Brésil, le Paraguay, le Pérou et le Chili qui lui ont bloqué son accès à la mer.
Les préfets des régions les plus riches organisent en mai dernier un référendum illégal (parce qu´inconstitutionnel) pour que les régions deviennent autonomes et gérent elles mêmes leurs ressources naturelles. En bref, ils veulent rien lâcher. Evidemment, ils votent pour et c´est la fête à Santa Cruz, puis en juin à Tarija, les régions phares autonomistes.
Dans le même temps, et ce depuis plusieurs mois, un projet de nouvelle constitution, donnant un peu plus de droits aux indigènes, a été rédigé. L´opposition y est bien sur opposée... Pour qu´elle soit adoptée il faut qu´elle soit soumise à un référendum et au congrés Morales ne dispose pas de la majorité (3/5) pour pouvoir voter l´oragnisation du référendum.
Le cimetière de trains à Uyuni
D´Uyuni nous reprenons le train jusqu´à Villazon à la frontière argentine et de là, prenons un bus à travers une route magnifique pour arriver à Tarija, la ville "la plus andalouse de Bolivie", qui est aussi très fière de son vin.
Il y a ici de nombreuses voitures très chics et pleins de gros 4x4. De très belles et grandes maisons jalonnent les grandes avenues verdoyantes.
Le taximan qui nous mène à notre hôtel nous rassure: "ici les gens parlent tous très bien castellano, il n´y a pas de dialectes quechua, aymara ou je ne sais quoi encore comme dans le nord, et les gens sont plus blancs"... Ha, on est vraiment rassurés alors...
Sur les murs de la ville, il n´y a plus de "Evo Pueblo", "Evo, Si", Evo, Mas", mais plutôt "Evo, Puto", "Evo, asesino", "Si a la autonomia", d´autres slogans du même type et aussi quelques croix gammées...
On ne se croit plus trop dans le pays le plus pauvre d´Amérique latine, comme si il y avait erreur de casting. Une heure passée à la terrasse d´un bar de la place principale nous permet de voir le défilé des 4x4, tous plus beaux et neufs les uns que les autres.
Pas de doutes, Tarija est riche... Enfin, bien sûr, si on sort un peu du centre ville, on trouve toujours des quartiers et marchés beaucoup plus populaires.
Nous nous laissons tout de même séduire par la ville, nous apprécions son marché bien animé, son doux climat, sa verdure (ça fait du bien de voir des arbres!), sa campagne aussi où nous avons la chance de voir un Condor qui tournoie dans le ciel bleu...
Hervé, l´oncle de Raphaël, connait ici un professeur d´université, Hugo. Nous l´appelons et le retrouvons le soir de Todos Santos (Toussaints). Nous mangeons ensemble et discutons de tout en buvant un vin d´ici, le Kohlberg, qui se défend bien!
Après le repas, il nous dépose au cimetière de la ville. Drôle de ballade nocturne devez-vous penser, mais à Tarija pour Todos Santos, toute la ville se retrouve au cimetière illuminé de milles feux! Les tombes sont décorées, les famille se retrouvent devant les dernières demeures des défunts. Sauf pour ceux qui ont disparus il y a peu, l´ambiance est assez décontractée, on mange et plaisante devant les tombes ou pendant une petite ballade dans le cimetière
Avant, l´alcool coulait à flots lors de cette fête, mais à cause de trop nombreuses bagarres, c´est désormais interdit!!
Au bout de 4 jours paisibles, nous nous décidons à continuer la route et partons pour Sucre, la capitale de la Bolivie... En fait, la Bolivie a comme qui dirait deux capitales, l´une administrative La Paz, et l´autre constitutionnelle, Sucre.
Une ballade ici nous fait nous replonger à l´époque coloniale, on s´attend à voir surgir Zorro à tout moment (même si cette histoire ne se passe pas en Bolivie)!
Nous étions descendus en altitude, nous remontons encore pour à priori une dernière fois et nous rendons à Potosi, à 4070m d´altitude! C´est la ville la plus haute du monde (140 000 habitants). Elle est bien connue pour son "Cerro Rico", la montagne magique pleine à craquer d´argent, de cuivre, de plomb, d´or aussi un peu. La mine est exploitée depuis ... 1545 !!! Une grande majorité de la richesse de l´Europe vient en partie des fabuleuses ressources extraites du Cerro Rico et de la sueur et de la mort de millions d´Indigènes qui ont travaillé dans les mines.
Bizarement, dans Potosi, il y a un nombre impressionant d´Eglises (environ 80), mais pas de trace de monument en hommage à ces Indigènes ...
Le premier soir, nous marchons en ville, à la recherche d´un endroit où manger, et nous tombons nez à nez avec Olivia et Thomas, que nous avions rencontrés en Ecuador à la communauté. Que le monde est petit! Ils sont dans un autre hôtel, avec deux autres couples de français. Alors s´ensuivent apéros, restos, chants de Renaud et cie accompagnés à la guitarre par Thomas jusqu´à des heures pas possibles... On s´est bien marré en tout cas!! Dans les liens, il y a le blog de Christine et Patrick qui voyagent en bateau depuis plus de 3 ans, et celui de Marie et Florent, vous verrez, ca fait rêver!
Pour finir sur Potosi, le 10 novembre, c´est la fête de commémoration du 1er jour de révolution pour l´indépendance (1810). Les jours qui précèdent, il y a moult défilés en ville toute la journée. Tout le monde y passe, les écoliers, les étudiants, les notables, les mineurs, les taxis, les camioneurs, les commerçants, ... L´ambiance est très sympa dans les rues et nous goûtons la boisson locale, à savoir de l´alcool à 96º avec de l´eau chaude à la cannelle !! Les mineurs boivent cet alcool pur les vendredi lorsqu´ils font des offrandes au Tio, le diable de la mine! On l´achète dans les tiendas de mineurs, au milieu des pelles, des barres à mine, des feuilles de coca, et des...bâtons de dynamite !! On en ramènerait bien pour le meilleur groupe de anarcho-punk grenoblois, Damn' Dynamite, mais on risque de se faire coincer à la douane !
Après toutes ces émotions, nous avons bien envie de nous poser un peu, et nous trouvons l´endroit rêvé, à Samaipata, aux portes du parc Amboro. Ici nous campons pendant une semaine, faisons des ballades dans le coin et notamment aux abords du parc, où nous pouvons admirer des fougères millénaires, de belles orchidées et des traces toutes fraiches de puma...
Et voila, il y aurait encore plein de choses à raconter, mais ça ferait un peu trop long non? et puis on en garde pour notre retour!!
Nous sommes actuellement à Santa Cruz et nous nous apprêtons à quitter la Bolivie. Et oui, le 9 décembre prochain nous avons rendez-vous avec les parents d´Emilie en Argentine alors nous descendons doucement...
Bises à toutes et tous et à bientot!